Lettre à mon poisson rouge
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Lettre à mon poisson rouge
Un texte intéressant que je voudrais partager avec vous, lu sur le blog Planète sans Visa (planète sans visa).
Lettre à mon poisson rouge
Elle n’a pas pu aller au bout de sa phrase. Tout de suite, j’ai su.
– J’arrive.
C’est tout ce que j’ai su dire.
On s’est retrouvé dans un couloir d’hôpital. Elle m’a appris ce que je savais déjà : l’épuisement des journées de plus en plus longues, la peur au ventre chaque matin, les objectifs impossibles à atteindre, le couple qui vacille, la solitude connectée avec le monde entier…
On l’avait découvert sans connaissance dans les toilettes de l’entreprise, une boite de gélules vide sur le carrelage et, dans la poche de sa veste, un mot écrit à la main : « Je ne peux plus. J’abandonne. Pardon. Pascal. »
Pourquoi je te raconte tout ça, cher poisson rouge ? Pour essayer de comprendre, peut-être, comment il est possible de ne pas basculer, dans ce monde où nous sommes, toi et moi.
Souvent, je me suis demandé par quel miracle tu pouvais vivre sans compagne, sans compagnon à tes côtés, sans autre horizon qu’une paroi de verre où s’arrête ta vie.
Ce matin, je crois tenir une explication. Ta capacité de concentration serait de neuf secondes. Neuf secondes pour passer à autre chose et ne pas devenir fou à force de tourner en rond tout seul, toujours.
La suite, allez la lire ici : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Lettre à mon poisson rouge
Mon cher poisson rouge,
Grâce à toi, je viens d’apprendre deux informations de la plus haute importance pour la suite de ma vie et de la tienne aussi.
Longtemps, je t’ai regardé tourner en rond dans ton bocal où il m’a semblé apercevoir d’étranges reflets entre le monde et toi, entre le monde et moi.
Je revois ce jour où tu es arrivé ici, avec Pascal, le fiston, pas peu fier d’avoir emporté le challenge de l’équipe de travail qu’il venait de rejoindre deux semaines plus tôt. Le trophée, c’était toi. Cette victoire s’ajoutait à celle d’avoir été embauché par une entreprise pleine d’avenir.
Le soir où il a débarqué avec toi et une tablette dans ses bras, je m’apprêtais à souffler en solo mes quarante-cinq printemps. Depuis plusieurs mois, mes journées étaient interminables à attendre une lettre au courrier du matin, une sonnerie de téléphone. Pour occuper mes heures désœuvrées, j’ai navigué entre mon nouvel écran et les eaux claires que tu habites. Certains jours, confusément, une impression étrange s’emparait de moi : celle de vivre dans un bocal, moi aussi, un bocal de la taille de la tablette où s’écoulaient mes heures.
Pascal était très pris par son travail, mais heureusement, il y avait les écrans. De temps en temps, on s’envoyait des nouvelles : un message, des photos pleines de sourires. Chacun se voulait rassurant sur lui-même et rassuré sur l’autre. Chacun avait envie d’y croire. On se construit des histoires qui finissent par devenir des vérités, pendant un certain temps au moins.
Et un jour, tout s’effondre. Ce jour-là, je m’en souviens, le téléphone a sonné. La voix au bout du fil était celle de Martine qui partageait ses jours avec Pascal.
– Je t’appelle parce que…Grâce à toi, je viens d’apprendre deux informations de la plus haute importance pour la suite de ma vie et de la tienne aussi.
Longtemps, je t’ai regardé tourner en rond dans ton bocal où il m’a semblé apercevoir d’étranges reflets entre le monde et toi, entre le monde et moi.
Je revois ce jour où tu es arrivé ici, avec Pascal, le fiston, pas peu fier d’avoir emporté le challenge de l’équipe de travail qu’il venait de rejoindre deux semaines plus tôt. Le trophée, c’était toi. Cette victoire s’ajoutait à celle d’avoir été embauché par une entreprise pleine d’avenir.
Le soir où il a débarqué avec toi et une tablette dans ses bras, je m’apprêtais à souffler en solo mes quarante-cinq printemps. Depuis plusieurs mois, mes journées étaient interminables à attendre une lettre au courrier du matin, une sonnerie de téléphone. Pour occuper mes heures désœuvrées, j’ai navigué entre mon nouvel écran et les eaux claires que tu habites. Certains jours, confusément, une impression étrange s’emparait de moi : celle de vivre dans un bocal, moi aussi, un bocal de la taille de la tablette où s’écoulaient mes heures.
Pascal était très pris par son travail, mais heureusement, il y avait les écrans. De temps en temps, on s’envoyait des nouvelles : un message, des photos pleines de sourires. Chacun se voulait rassurant sur lui-même et rassuré sur l’autre. Chacun avait envie d’y croire. On se construit des histoires qui finissent par devenir des vérités, pendant un certain temps au moins.
Et un jour, tout s’effondre. Ce jour-là, je m’en souviens, le téléphone a sonné. La voix au bout du fil était celle de Martine qui partageait ses jours avec Pascal.
Elle n’a pas pu aller au bout de sa phrase. Tout de suite, j’ai su.
– J’arrive.
C’est tout ce que j’ai su dire.
On s’est retrouvé dans un couloir d’hôpital. Elle m’a appris ce que je savais déjà : l’épuisement des journées de plus en plus longues, la peur au ventre chaque matin, les objectifs impossibles à atteindre, le couple qui vacille, la solitude connectée avec le monde entier…
On l’avait découvert sans connaissance dans les toilettes de l’entreprise, une boite de gélules vide sur le carrelage et, dans la poche de sa veste, un mot écrit à la main : « Je ne peux plus. J’abandonne. Pardon. Pascal. »
Pourquoi je te raconte tout ça, cher poisson rouge ? Pour essayer de comprendre, peut-être, comment il est possible de ne pas basculer, dans ce monde où nous sommes, toi et moi.
Souvent, je me suis demandé par quel miracle tu pouvais vivre sans compagne, sans compagnon à tes côtés, sans autre horizon qu’une paroi de verre où s’arrête ta vie.
Ce matin, je crois tenir une explication. Ta capacité de concentration serait de neuf secondes. Neuf secondes pour passer à autre chose et ne pas devenir fou à force de tourner en rond tout seul, toujours.
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2sigonce- Filou dans la place
- Messages : 2584
Date d'inscription : 08/04/2011
Age : 54
Localisation : Sainte Lucie PV
Humeur : difficile à dire
Re: Lettre à mon poisson rouge
Pour sombrer un peu plus ou toucher le fond et d'un coup de pied remonter ? 8 secondes je n'ai pas le temps pour trouver la réponse (qui est du côté noyade en ce moment)
Soizic0171- Je connais tout le monde!
- Messages : 1163
Date d'inscription : 09/08/2013
Age : 64
Localisation : Saone et Loire
Humeur : bonne en général
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